Projet EIES
Notre collectif cartographie les liens d’influence des entreprises privées dans l’enseignement supérieur.
« Le service public de l’enseignement supérieur est laïque et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique »
Code de l'Education, article L. 141-6
Qui oriente l'enseignement supérieur ?
Certaines entreprises dont les intérêts ne sont pas alignés avec l'intérêt général occupent une place prépondérante dans les écoles et universités françaises.
Elles influent sur les formations, les débouchés proposés ou les idées véhiculées sur les lieux d’études de diverses manières : gouvernance, financements, forums de recrutements, vie associative, etc.
Ces influences et les contreparties qu’elles impliquent sont parfois difficiles à identifier par manque de transparence et d’information claire à ce sujet.
Le projet Entreprises Illégitimes dans l’Enseignement Supérieur (EIES) vise à révéler l'ampleur de cette influence.
Des décennies d'influence croissante dans les établissements
Au fil des réformes, l'enseignement supérieur s'est de plus en plus ouvert aux entreprises privées. Cela a des conséquences néfastes pour la liberté de l'enseignement supérieur et sa capacité à rendre un service public et à répondre aux besoins de la société.
Des entreprises dont les modèles économiques vont à l'encontre de l'intérêt général, notamment condamnées pour fraudes, atteinte aux droits humains ou à l'environnement, ont acquis un pouvoir disproportionné : elles sont parties prenantes de tous les processus de décision, empêchent toute évolution et verrouillent l'enseignement dans une posture idéologique justifiée par la nécessité de l'employabilité.
Nous ne nous contentons pas de cartographier la présence des entreprises : nous désignons les endroits où elles n'ont pas lieu d'être et distinguons différentes types d'influence. A l'avenir, le collectif EIES fera des recommandations aux établissements, des propositions à l'Etat, pour que l'enseignement supérieur réaligne sa vocation de service public avec les urgences sociales et écologiques.

Des entreprises problématiques
A quoi veut-on vraiment former les étudiant·es ? Et à qui veut-on confier cette formation ?
Plutôt à des chercheurs et des acteurs de la société civile qui puissent apporter un recul critique sur leur domaine ... Ou à des entreprises souvent condamnées par la justice, liées à des scandales démocratiques, sociaux, écologiques ?
Cette dépendance au secteur privé est systémique, systématique, et surtout très problématique. Découvrez le détail des entreprises qui influencent l'enseignement supérieur :
"À la période du choix des stages, on recevait des invitations à des événements de de cabinet conseil plusieurs fois par semaine, avec des affiches de publicité sur le chemin des cours, ils étaient sponsors de nos événements et les collaborateurs venaient nous recruter avec une pizza ou une invitation au restaurant. En trois mois de scolarité, je connaissais par cœur les noms des 10 plus grands cabinets de conseil américains"
(Antoine, étudiant à Polytechnique)
Sur les 20 entreprises les plus présentes dans notre échantillon d'établissements, 5 produisent des armes, 2 du pétrole, 3 sont des banques françaises polluantes, et seulement 4 n'ont pas été condamnées par la justice ou impliquées dans des scandales sociaux ou environnementaux.
Des étudiant·es'engagent pour la liberté et l'indépendance de l'enseignement supérieur
Nous sommes nombreux et nombreuses, partout dans le monde, à pointer du doigt le caractère idéologique de nos formations, déséquilibrées par l'omniprésence de quelques entreprises à l'intérieur des établissements.
Le Royaume-Uni nous devance largement en matière de mobilisation et des batailles ont déjà été gagnées. Aux Etats-Unis, c'est l'ingérence des intérêts politiques et économiques dans des universités comme Harvard qui doit nous alerter.
Ce site rassemble des informations sur les mobilisations possibles aujourd'hui pour permettre à tous et toutes de s'emparer du sujet.

Pour la toute première fois,
nous avons cartographié et analysé les liens entre enseignement supérieur et entreprises privées.
30
établissements d'enseignement supérieurs
250
entreprises, principalement multinationales
8000
points de données analysés sur un an de travail
Ces données sont présentes en libre-accès sur ce site et leur collecte a bénéficié du soutien de nombreuses personnes que nous remercions : (ancien·nes) étudiant·es, associations, chercheur·euses, etc.